Présence… Mystère de l'endroit même…
Une exigence que l'image tient entre le cri et son nu…
Si Sérgio Bello a su voir et rendre visible ce que l'œuvre de l'Aleijadinho avait d'engagé dans l'histoire de son temps, il a su révéler au travers de sa propre inscription d'artiste ce qu'une œuvre peut générer dans le cycle des métamorphoses pour la liberté.
Par là Sérgio Bello participe à cette grande question de la place de l'œuvre d'art dans la formation du monde, entendue comme devenir, transformation de la forme en une forme nouvelle. Quand spiritualisme et matérialisme fusionnent en une présence qui est le mouvement même de la forme. Le temps absolu de l'œuvre comme in-formation du monde. Ce qu'interroge et ce qu'affonte la peinture de Sérgio Bello s'élabore selon la série séquencielle de ses figures temporairement déterminées et qui lui confèrent des variations de textures, de profondeur, dans une unité où les personnages indiquent la pensée mystère de la chose apparue et qu'ils comprennent comme un passage donné en leurs formes. La violence s'etent ici comme visibilité des forces et l'émotion qu'elle engendre détecte de l'invisible.
Les Prophètes de Sérgio Bello nous renvoient à la violence comme relation entre les choses et les êtres; ils sont comme leur "excession" et c'est ce qui leur donne ces figures de corps à corps des fragments et et des failles. Ils nous mettent aux prises avec l'en-jeu et le sacré qui n'impliquent aucune réponse et nous renvoient au tout de notre résonance au monde.
Il y a dans l'appel de la peiture de Sérgio Bello un quelque part qui perpétue cette exaspération d'amour à transcender le monde où Artaud hurlait : "…On ne sort pas d'un monde pour le détruire, on le détruit en le crevant pour passer dedans …"

Geneviève CLANCY
Paris, 1988.